Livres




Dans la Google du loup est à la fois un roman d'anticipation et une démonstration rigoureuse. A la manière d'une série télé aux personnages familiers et au scénario implacable, il raconte le monde que " Big G " nous imposera demain si nous n'en prenons pas conscience.

Faut-il laisser Google dicter " son " futur de l'homme et de l'univers ? Google se prend pour Dieu : il veut " augmenter " l'homme et tuer la mort... pour les plus riches. Les autres deviendront les " chimpanzés du futur ".

Google considère la vie privée comme une anomalie et la surveillance comme un désagrément inévitable.

Google milite pour la viande sans viande et la voiture sans conducteur.

Google, champion des paradis fiscaux, exerce un pouvoir totalitaire : celui de faire vivre ou mourir les sites internet qui le concurrencent.

Google est le leader de l'intelligence artificielle, qui pourra décréter un jour que l'homme est inutile.

De l'implant rétinien à la puce dans le cerveau, des médicaments bioélectroniques aux manipulations de l'ADN, de l'exploitation des données personnelles à la fin de la vie privée puis la disparition de l'homo sapiens... Google-Alphabet prépare sa mutation de l'univers.

Qui l'arrêtera ?






Films & séries






quelques clés de lecture avant de (re)voir certains films... (par Gautier)


La trilogie des Matrix, le film 2001, L'Odyssée de l'Espace sont des allégories : ils racontent chacun une histoire qui peut être "lue" à plusieurs niveaux de compréhension, de conscience. Ce sont des films magiques qui possèdent un sens caché, avec la particularité que c'est le spectateur lui-même qui se cache le sens plus profond, l'essence du film : il ne peut pas - ou ne veut pas - le voir s'il n'est pas prêt.

 

La première fois que j'ai vu Matrix, le film m'a profondément ennuyé, je n'avais rien compris. Puis je l'ai revu quelques années plus tard, après m'être intéressé à la philosophie entre temps, et après qu'une personne m'ait donné cette clé de lecture : Matrix raconte l'Allégorie de la Caverne, de Platon, de façon moderne. Là, ça a été une claque. Le film lui-même n'avait pas changé d'un millimètre, évidemment, mais quelque chose en moi s'était ouvert, et là je voyais enfin le film, et ce que les frères Wachowski essayait de transmettre comme message : ça a été une véritable révélation.

 

Depuis j'ai revu la saga plusieurs fois, et c'est chaque fois une redécouverte : par ses symboles, ses images, elle me touche et me nourrit de plus en plus profondément.

 

Je vous donne ici mes clés de lecture pour Matrix et 2001, L'Odyssée de l'Espace. Ce sont des points de vue personnels, mais que je sais partagés par un bon nombre de fans. Je serai ravi d'échanger de vive voix sur votre expérience de ses films.


T R I L O G I E   M A T R I X

 

Neo, c'est chacun d'entre nous pris dans son quotidien. Or quelque chose vient troubler son train-train : la rencontre avec deux personnages mystérieux, Trinity puis Morpheus. Ils lui apprennent qu'il n'est pas là où il croit être - dans la réalité - mais qu'il est actuellement dans une simulation virtuelle appelée la Matrice.

 

En choisissant la pilule rouge, Neo fait le choix de voir la réalité telle qu'elle est, et se réveille dans un des cocons de la structure de la Matrice. Il est alors pris en charge par Morpheus et Trinity dans le monde réel.


Il apprend alors que le programme et la structure qui retient les humains prisonniers pour utiliser leur énergie vitale ont été conçu par des machines douées d'intelligence et qui se trouvent à la surface de la Terre, devenue un monde infernal. Eux se trouvent dans une ville souterraine, appelée Sion, se déplacent dans des dédales de tunnels aux aspects organiques, et doivent absolument fuir les "sentinelles", machines traqueuses envoyées depuis la surface.

 

Quand Neo, Morpheus et Trinity se rebranchent et vont dans la Matrice, ils sont poursuivis et attaqués par les "agents", dont le fameux Agent Smith. Neo suit un entrainement pour acquérir de nouvelles compétences et pouvoir lutter contre eux. Il rencontre également l'Oracle, une vieille femme sage qui lui révèle qu'il n'est pas l'Élu. Dans le combat final, il est tué par l'Agent Smith, mais l'amour que Trinity lui porte le fait non seulement revenir à la vie, mais "voir" la Matrice et pouvoir agir sur elle : il entre dans l'Agent Smith pour le détruire.

 

Clés de lecture

L'histoire de Neo raconte l'aventure à laquelle nous sommes tous invités : sortir de l'emprise du mental et vivre l'Éveil. La Matrice représente le Mental, un programme (ou outil) si puissant qu'il nous empêche même de voir la réalité. Le monde des machines représente notre tête et notre cerveau, siège du mental (les machines se trouvent à la surface de la Terre, c'est-à-dire en haut). Sion et les dédales de tunnels aux aspects organiques sont notre corps sensible (tout cela se trouve sous Terre, c'est-à-dire en bas) et le film raconte que c'est la guerre entre la tête et le reste du corps. Morpheus et Trinity sont des éléments de notre corps déjà éveillés, et qui viennent sortir Neo - parce qu'il est prêt à cela - de la torpeur du mental. Les sentinelles représentent des éléments physiologiques concrets envoyés par le mental pour garder le contrôle du corps (des hormones du stress par exemple...). Lorsque nous sommes dans la Matrice, les "agents" représentent eux tous les stratagèmes psychiques que le Mental utilise pour garder notre attention (dans le film : garder notre corps prisonnier de la structure de la Matrice pour pomper notre énergie). Morpheus (Morphée, dans la mythologie grecque est la divinité des rêves) est celui qui, justement, vient tirer Neo du "rêve éveillé" dans lequel il se trouve. L'Oracle, quand à elle, représente notre partie féminine, intuitive et sensible. Cypher est quand a lui "le traître", cette partie de nous qui préfère le doux chant des sirènes du mental plutôt que d'accepter le défi d'en sortir. Trinity (la Trinité chrétienne) est celle qui, par son baiser à Neo, va relier le Mental (Matrice) au Corps (Sion & Co) par l'Amour : Neo devient "The One", l'Élu, l'Éveillé et peut commencer à contrôler le Mental (il arrête les balles des agents et entre "dans" l'Agent Smith).

 

Ce premier opus est un donc un appel à s'éveiller, à vous éveiller, à sortir de la Matrice. La scène finale est un zoom vers le mot "System Failure" (Défaillance du Système = défaillance de notre système actuel basé sur l'illusion produite par le mental) et le générique de fin défile sur le titre "Wake Up"  ("Réveillez-vous")  de Rage Against The Machine ! !

 

Matrix Reloaded

Je vais ici décrire rapidement l'histoire du film et donner les clés de lecture en même temps.

 

On apprend au début que les machines (la tête donc) ont décidé de lancer une attaque ultime vers Sion (le corps) pour la détruire. Les gens ont peur mais Morpheus les galvanise par son discours, et la rave party qui suit symbolise par ses rythmes tribaux et sa sensualité, la révolte du corps, et un éveil de sa puissance brute.

 

Dans la Matrice, Neo doit trouver le Maître des Clés, qui le conduira au programme source de la Matrice, qu'il doit détruire. Le Maître des Clés, c'est la partie de nous qui sait, qui a toujours su, mais qui est prisonnière du Mérovingien - le maître des programmes dans le film - qui peut, lui, être vu comme la partie la plus profonde de notre mental, son cœur. Le Mérovingien a pour épouse Perséphone (femme d'Hadès, dieu des enfers dans la mythologie grecque) faisant de lui le diable - dia-bolus, celui qui désunit : le Mérovingien symbolise celui qui désunit le corps et l'esprit. Perséphone est à ses côtés, mais elle a une partie sensible que n'a pas le Mérovingien, et elle va, contre un baiser langoureux de Neo (car en étant "dans la tête", elle ne connaît pas l'amour, malgré son apparence très sexy), les aider à trouver le Maître des Clés. La lecture ici est qu'en connaissant les ruses du mental, on peut le séduire et obtenir qu'il nous aide dans notre quête.

 

Pendant ce temps-là, l'Agent Smith a un comportement très particulier : il prend possession de tous les autres agents, et se reproduit à l'infini en disant "Moi, Moi, Moi..." il symbolise l' EGO, c'est-à-dire la partie du Mental qui enfle, qui enfle, et qui ne s'identifie plus à rien d'autre qu'à elle-même... L'Architecte quand à lui - en complémentarité de l'Oracle - représente notre part masculine, rationnelle et structurée, organisée et analytique. C'est lui qui a conçu la Matrice, et il explique à Neo que ce n'est pas la première fois qu'il vient ici... cette scène introduisant les notions de cycle d'évolution et de réincarnation (reloaded = rechargé). La vie pour se développer a besoin d'essayer, d'essayer, encore et encore, jusqu'à trouver ce qui la prolonge le mieux : cette scène raconte donc que ce n'est pas la première fois qu'il essaie de s'extraire du mental, mais jusqu'à aujourd'hui, il a échoué, il a toujours fait le même choix final... sauf que Neo a gardé une trace de ses expériences passées, en a gardé une connaissance, et que cette fois-ci, il ne fait pas le même choix...

 

Matrix Revolutions

Ici tout s'intensifie et avance en parallèle dans les deux mondes : les machines finissent par atteindre Sion et la bataille fait rage. Pendant ce temps-là, l'Agent Smith (l'Ego) a complètement pris le contrôle de la Matrice (le Mental) qui est devenue un lieu absolument uniforme, en noir et blanc, et pluvieux. La nature, la vie, les couleurs sont devenues inexistantes. Il est devenu tellement puissant qu'il a réussi à prendre le contrôle d'un traître de Sion, Bane (le "fléau", en français).

 

Lorsque Neo combat Bane dans le vaisseau qui doit l'amener à la surface, dans le monde des machines, il se fait brûler les yeux et devient aveugle : en fait, symboliquement, c'est le moment où il ouvre les yeux sur la nature profonde du monde, et de la matière : tout est Lumière. Il a passé un nouveau cap de conscience par rapport au premier épisode et il peut donc aller à la surface - comprendre : au centre du cerveau, siège du mental - pour prévenir les machines du danger que représente l'Ego / Agent Smith, même pour elles !  Les machines l'aident dans son combat final contre l'Agent Smith, et la scène où il laisse l'Agent prendre possession de lui n'est que le retour de ce qui se passe à la fin du premier épisode : Neo est bien assez fort pour laisser l'Ego s'emparer de lui, car il le dissout immédiatement après...

Conséquemment, les sentinelles se retirent de Sion et une paix nouvelle s'installe entre la tête et le corps. La petite fille (vue lorsque Neo se trouve dans les limbes) se réveille alors et crée un magnifique lever de soleil "pour Neo". Cette petite fille symbolise l'humanité nouvelle, qui s'est affranchi de l'emprise du mental.

Elle vient rejoindre l'Oracle, assise sur un banc et discutant avec l'Architecte : ils symbolisent la Mère et le Père de l'Humanité en marche. Ils symbolisent également les retrouvailles du féminin et du masculin intérieurs.

 

L'aventure de Neo symbolise le chemin que nous avons chacun à suivre afin que l'évolution suive son cours, cycle après cycle : "Revolutions".



2 0 0 1,   L' O D Y S S É E   D E   L ' E S P A C E

 

Dans 2001, l'Odyssée de l'Espace, le rythme et l'action sont beaucoup plus lents que dans Matrix. Le parti-pris de Stanley Kubrick est de nous présenter la dynamique de l'évolution, en respectant son tempo : silencieuse et lente, mais profonde et puissante.

 

La première partie du film nous emmène "à l'aube de l'humanité", et nous montre des tribus de grands singes, encore herbivores, se confronter aux rudesses de la Nature. Un matin, les singes s'éveillent et une grande dalle noire est plantée dans le sol. Elle les effraie, ils crient dessus, puis elle les fascine, ils la touchent, la caressent.


Dans la scène suivante, un singe devant un squelette joue avec les os et "revoit" en flash le lever de soleil sur la dalle... et là, il a une idée : il se saisit de l'os comme outil, comme arme, et commence à frapper le squelette.

On voit ensuite des singes tuer ce qui ressemble à des tapirs, et commencer à manger de la viande. Un peu plus tard, on voit cette tribu tuer un singe d'une autre tribu belliqueuse, qu'elle met en fuite grâce à la supériorité que lui confère l'os, l'outil.

 

Clés de lecture

Je peux déjà donner ici quelques clés de lecture qui aideront pour la suite de l'histoire, de l'Odyssée : comme nous le verrons ensuite, cette grande dalle noire peut symboliser une prise de conscience majeure, un saut quantique dans l'évolution. Dans cette ouverture à l'époque préhistorique, Stanley Kubrick nous suggère l'instant où l'un des animaux terrestres - le grand singe - fait un saut de conscience qui le fait passer du règne animal au règne humain. La supériorité acquise par son nouvel outil - le mental - fera qu'aucun autre animal ne pourra plus vivre ce saut quantique : le singe-homme est celui qui a fait une percée dans l'évolution, il sera le 4ème règne.

 

On peut voir dans l'os saisi par le singe, le symbole de l'outil, prolongement de notre outil mental naissant. Et c'est par une splendide ellipse temporelle de 4 millions d'années que Kubrick nous fait comprendre que grâce à cet outil - ce mental - l'homme va inventer des milliers de choses, jusqu'à construire des vaisseaux capables de l'emmener dans l'espace.

 

Dans la deuxième partie, nous suivons un scientifique appelé d'urgence sur la Lune car un objet étrange y a été découvert : on retrouve la même grande dalle noire que dans la première partie. Les hommes tournent autour d'elle, la touche également, mais détournent leur attention en voulant se prendre en photo devant elle (tiens tiens ça me rappelle quelque chose ... :), et c'est alors que la dalle envoie un son strident qui les oblige à se retourner : il voit alors la même image de lever de soleil sur la dalle qu'avait vu les singes il y a 4 millions d'années.

 

Ici, nous pouvons comprendre que malgré la forme que prennent les choses (hier les singes dans la pampa, ici les hommes sur la Lune) quelque chose ne dort pas, et pousse, pousse toujours : l'évolution. En présentant la même scène qu'avec les singes, aux détails de forme près, Stanley Kubrick veut nous indiquer qu'une nouvelle prise de conscience majeure, un saut quantique se prépare, et qu'elle est indépendante de l'homme détourné de lui-même.

 

Dans la troisième partie, nous sommes avec deux astronautes dans un vaisseau en voyage vers Jupiter, car la planète semble être la source d'un signal mystérieux émis depuis la découverte de la dalle noire sur la Lune. Nous suivons leur quotidien à bord, mais surtout nous faisons la connaissance de HAL 9000, leur super-ordinateur de bord, réputé absolument infaillible. Au cours du voyage, des problèmes de confiance apparaissent entre HAL et les astronautes, et HAL s'arrange pour tuer l'un deux, en plus de tout le reste de l'équipage maintenu jusque là dans des caissons de repos. Le dernier astronaute vivant, malgré des tentatives de manipulation de HAL, finit par le débrancher et termine le voyage vers Jupiter seul.

 

Ici, nous pouvons voir les symboles suivants : après avoir conquis la Lune, l'Homme est appelé par Jupiter (Zeus chez les grecs, le roi des Dieux) c'est-à-dire qu'il est appelé à découvrir sa divinité. Mais en chemin, il se heurte à un adversaire qui cherche à l'en empêcher : l'Intelligence Artificielle HAL 9000 (on remarquera qu'en prenant la lettre suivante de chacune des trois lettres, nous obtenons... IBM ! :). HAL représente en fait son propre mental, notre mental à tous, et il cherche à nous manipuler pour rester le maître dans le vaisseau (c'est-à-dire notre corps).

 

Une fois HAL / mental débranché, l'astronaute vit une expérience incroyable : par ces images psychédéliques, Kubrick essaie d'illustrer la chute du mental, la dissolution de l'ego. Une fois dans cette chambre mystérieuse, le personnage vit des scènes étranges où il se voit devenir de plus en plus vieux, jusqu'à se retrouver sur son lit de mort : hors du mental, le rapport au Temps est complètement distordu.

A la fin, la même grande dalle noire se retrouve au pied du lit, et c'est alors que le mort se transmute en nouvel embryon qui se met à flotter dans l'espace, et qui regarde la Terre. Par cette image d'une grande poésie, Kubrick se pose et nous pose la question : quelle sera la forme du prochain règne ? d'où va-t-il émerger ? Une chose est sûre : l'évolution est en marche.